Trouver une place de stationnement à Tournai tient parfois de la mission impossible. De nombreuses places de parking sont désormais payantes, d’autres en zone bleue, et leur nombre ne cesse de diminuer depuis plusieurs mois. Cette situation amène de plus en plus de citoyens à déserter le centre-ville et à terme d’en freiner la croissance dans la Cité aux cinq Clochés.
S’il y a bien un sujet qui déchire aussi bien élus et citoyens tournaisiens, c’est la mobilité. Ces dernières années, la quasi-totalité des rénovations de voiries s’est accompagnée d’une diminution des places de stationnement. C’est le cas, par exemple, de la Rue Royale ou prochainement de la Rue Saint-Martin. Depuis 2004, la Ville a confié la gestion du stationnement à City Parking, une entreprise privée. Davantage d’horodateurs, des contrôles plus fréquents, et une baisse progressive des espaces gratuits. Une situation que certains estiment incompatible avec la volonté affichée de redynamiser le centre.
Une convention prolongée malgré les critiques
La convention entre la Ville et City Parking est signée à chaque fois pour dix ans. À l’approche des
élections communales, plusieurs partis d’opposition avaient fait campagne de remise en question sur cette gestion. On pouvait notamment lire, dans le programme du Mouvement Réformateur, l’envie de « Revoir la réglementation et le contrôle du stationnement géré actuellement par City-Parking : fin des horodateurs, moduler le temps de stationnement autorisé au contexte urbain ».
Depuis l’arrivée du MR à la tête de la Ville, les résultats du partenariat avec City Parking ne répondent pas aux attentes. L’ancien bourgmestre, Paul-Olivier Delannois, avait volontairement laissé à la nouvelle majorité le soin de décider d’une éventuelle prolongation de la convention. Sa successeure, Marie-Christine Marghem, affirme pour sa part avoir été juridiquement contrainte de renouveler le contrat pour une durée de dix ans.
Fait notable : la nouvelle convention reprend des dispositions quasi identiques à celles du précédent accord. La bourgmestre explique ce choix par la nécessité de prolonger d’abord le contrat, afin de pouvoir ensuite en modifier certaines modalités, conformément à l’article 21 de la convention.
Plusieurs pistes d’adaptation ont déjà été évoquées par Marie-Christine Marghem au micro de Notélé : allonger la période de gratuité sur le temps de midi, de 12h à 14h, offrir une heure gratuite au lieu d’une demi-heure, rendre le stationnement gratuit le samedi ou encore revoir l’implantation des zones bleues. Autant de propositions évoquées par Marie-Christine Marghem au micro de Notélé.
Les hautes écoles en première ligne
Du côté des établissements scolaires, le constat est tout aussi critique. Étudiants et membres du personnel se heurtent chaque jour aux contraintes de stationnement. Une situation qui devient particulièrement problématique en période de session, où les horaires stricts des examens entrent directement en conflit avec la durée de validité du disque de stationnement.
« Pendant la session, j’ai reçu plusieurs amendes simplement parce que mes examens duraient trois heures” explique une étudiante en communication à la HELHa, Lisa Robinet. « Il est évidemment hors de question de quitter l’auditoire pour aller déplacer sa voiture, car le disque ne permet que deux heures de stationnement », poursuit la jeune fille.
Si cette réalité peut paraître anodine, elle pèse lourd dans le quotidien d’une partie importante des étudiants, notamment ceux qui viennent de loin. « Je viens d’un petit village où il n’y a pas de gare, donc le train n’est pas une option réaliste pour moi. De plus, en décembre, avec la neige et les retards, même ceux qui pourraient prendre le train préfèrent éviter. Nous sommes nombreux à devoir prendre la voiture pour se rendre à l’école ».
Mais cette contrainte logistique devient source de sanction. “Nous ne nous proposons aucune alternative adaptée et en même temps, nous sommes pénalisés. Pendant les examens, on est déjà sous pression. Rajouter à cela la peur de se prendre une amende, c’est franchement décourageant”, confie Lisa Robinet.
Pour Dominique Françoise Lefebvre, la directrice de la section de communication de la HELHa, le manque de stationnement pénalise autant les étudiants que les membres du personnel. « Depuis notre installation à Tournai, les places de parking ont fondu comme neige au soleil », confie-t-elle. Entre les aménagements successifs et la volonté politique de réduire la circulation intramuros, les alternatives concrètes manquent.
De plus, la situation s’est compliquée avec l’arrivée de City Parking. La mise en place de la ScamCar, un véhicule de contrôle automatique, a été perçue comme un tournant. « Ce système a vraiment mis le feu aux poudres », commente la directrice. Une voiture mal déplacée ou un disque oublié peut coûter 25 euros la demi-journée. « Nous ne pouvons pas demander à un étudiant venu de loin de sortir toutes les deux heures pour bouger sa voiture ».
Face à cette réalité, la HELHa a sollicité une rencontre avec la Ville dès 2021. Certaines avancées ont vu le jour : cartes de stationnement temporaire à prix réduit pour les enseignants, mise à disposition de vélos, sensibilisation aux trajets alternatifs. Mais cela reste marginal.
Dominique Françoise Lefebvre plaide désormais pour des parkings périphériques combinés à un système de navettes. Celle-ci alerte également sur la sécurité des déplacements à pied ou à vélo : « Le long du quai des Vicinaux, par exemple, il n’y a pas de piste cyclable bien définie. C’est très dangereux. »
Enfin, Madame Lefebvre regrette l’absence de concertation dans la gestion du stationnement : « Nous n’avons pas été sollicités lors de la reconduction de la convention. Pourtant, nous sommes plusieurs hautes écoles concernées ». Pour elle, le dossier mérite un suivi de fond. « C’est un travail que nous ne pouvons absolument pas lâcher. »
