Les animaux de compagnie sans toit, ni loi

En 2024, c’est une pratique de plus en plus fréquente pour lutter contre la surpopulation dans les refuges, les familles d’accueil. Cela permet de trouver un toit pour l’animal le temps qu’une autre famille puisse l’adopter définitivement.

 

Les abandons toujours aussi présents malgré les sensibilisations

Ils vivent dans nos foyers et on les aime pour leur beauté, leur calme, leur douceur ou simplement pour l’attention qu’ils nous donnent, les animaux de compagnie sont bien plus que de simples compagnons pour nous. Au fur et à mesure, ils deviennent des membres à part entière de nos familles. Selon le Vif, cinquante-trois pour cent de la population belge possèderaient un ou plusieurs animaux de compagnie. Ce chiffre a considérablement augmenté, car il était de dix pour cent en 2018. Beaucoup de ménages ont en effet craqué sur ces bêtes adorables durant le confinement. Cependant quelques années après, quand la vie a repris son cours normalement, les animaux ne sont plus désirés. Eux qui étaient autrefois aimés, se retrouvent livrés à eux-mêmes, confrontés à la faim, à la maladie et sans toute forme d’affection reçue auparavant. En moyenne, ce sont 165 animaux de compagnie qui sont abandonnés chaque jour dans notre pays, cela équivaut à 60 000 par an. Heureusement, certaines Asbl existent pour empêcher des animaux, voués à vivre dans une maison, de se retrouver à la rue. La « Société Protectrice des Animaux » accueille à elle seule 44 000 compagnons par an. Il existe également des plus petites structures qui tentent d’accueillir un maximum d’animaux domestiques, même s’il n’est pas possible de tous les loger chez eux. « On n’a pas assez d’associations dans la région », déclare d’ailleurs Christelle Dussart, directrice de l’Association tournaisienne « Félin Pour l’Autre ». En moyenne, 80 à 90% de la capacité des refuges est occupée. Celle-ci peut même monter au-dessus des 100% durant l’été, quand les chatons viennent au monde. Également, un chaton de 4 mois ou moins n’est pas autorisé à être adoptée de manière définitive. Il fallait donc trouver une solution pour ne pas les laisser mourir dehors.

Les familles d’accueil, une solution qui arrange toutes les parties

Ces dernières années, une pratique s’est développée de plus en plus, ce sont les familles d’accueil pour les animaux. Il s’agit d’un ménage qui va, le temps de lui trouver une famille définitive, accueillir un animal de compagnie. C’est le refuge lui-même qui octroie l’autorisation de l’adoption provisoire et n’importe qui ne recevra pas leur confiance « On fait une pré visite chez les gens, on a des exigences comme le fait que les chats doivent être dans une pièce isolée d’autres chats ou chiens » nous explique la directrice de l’association. Si les familles qui accueillent des nouveaux membres le temps de quelques mois ne sont pas rémunérées pour ce service, elles n’en sont pas moins avantagées.

« Nous prenons en charge tous les soins vétérinaires, mais également la nourriture et la litière, cela ne leur coute absolument rien, à part du temps et de l’amour ». Cette période charnière entre l’arrivée au refuge et l’adoption définitive est d’ailleurs très importante. Elle permet en effet de tirer un constat sur toutes les caractéristiques importantes qui devront être notifiées aux futurs intéressés.

Les refuges pourront donc réaliser une description complète sur l’animal, s’il est peureux, câlin, joueur ou bien s’il supporte la présence d’autres animaux ou même connaitre la nourriture qu’il préfère.

Attention à ne pas trop s’attacher à leur mignonnerie

Malgré le nombre d’avantages que présente l’accueil le temps de quelques mois de ces petits animaux, il y a une contrainte principale, l’affection. « Quand tu t’es occupé d’un chat pendant plusieurs mois et que du jour au lendemain une famille vient le chercher chez toi, c’est parfois très compliqué, encore plus quand ce sont des familles composées d’enfants. » C’est d’ailleurs la raison principale des ménages qui décident de stopper ce rôle après le départ du premier chat. « Cela arrive régulièrement que des familles accueillent définitivement le chat. » Malheureusement, la croissance des familles prêtes à accueillir des chats durant quelque mois commence à être limitée « Le bien-être animal demande à avoir un œil sur le traitement des chats qui nous appartiennent pour l’instant. Or moi je n’ai pas le temps de contrôler ce qu’il se passe dans toutes les familles d’accueil. » Christelle a donc dû créer une équipe composée de cinq responsables qui se chargent de vérifier notamment si les soins sont faits en temps et en heure aux animaux. N’oublions cependant pas que toutes ces personnes sont des bénévoles et ont une vie professionnelle et sociale en plus de toutes ces missions. On comprend donc que malgré toute la bonne volonté dont faire part l’Asbl « Félin Pour l’Autre », même le nombre de famille d’accueil doit être limité selon les moyens du refuge. Nous pouvons donc conclure que cette solution a des aspects positifs pour libérer de la place à certains chats qui doivent être sauvés en urgence, mais elle ne résoudra pas à elle seule la problématique du manque de place dans les refuges.